Demandes d'hébergement en hausse de 31 %

Texte complet : Baromètre 115 : synthèse hivernale 2012-2013 


La fin de la gestion saisonnière : une perspective manquée en 2013
Les résultats de la synthèse hivernale du baromètre 115 publiée par la FNARS montrent que les demandes d’hébergement entre le 29 octobre 2012 et le 31 mars 2013 dans les 37 départements de l’échantillon ont augmenté de 31% par rapport à l’hiver dernier. Ils traduisent une dégradation de la situation sociale dans un contexte de crise économique mondiale.

Cette progression des demandes est plus particulièrement le fait d’une sollicitation croissante des 
personnes en familles. Si les hommes isolés représentent la majorité des personnes qui sollicitent le 115, le nombre de personnes en famille augmente fortement (+42%). Ces dernières font de nombreuses demandes au 115 (7,6 en moyenne) dans l’espoir d’obtenir une réponse

Un manque de solutions persistant
Si le nombre de places d’hébergement ouvertes pour la période hivernale 2012-2013 a augmenté, il ne 
permet pas de répondre à l’ensemble des demandes et laisse de nombreuses personnes sans solution. 
Le nombre de demandes n’ayant pas donné lieu à un hébergement a fortement progressé entre les deux hivers : + 54%. Il traduit l’incapacité du dispositif d’hébergement à s’adapter aux besoins, et à éviter que des personnes soient contraintes de vivre à la rue. 
58% des demandes n’ont pas donné lieu à un hébergement. Plus de 20 000 personnes, sur les 50 000 qui ont sollicité le 115 cet hiver, ont eu une réponse systématique négative à leurs différentes demandes d’hébergement. Parmi elles, ce sont surtout des familles et des hommes seuls.

Pire encore, la saturation du dispositif renforce les dysfonctionnements. Ainsi, le recours à l’hôtel 
progresse (+23%) pour notamment permettre de répondre aux sollicitations des familles. Le principe 
d’accueil inconditionnel, pourtant inscrit dans la loi, est de moins en moins effectif. Ainsi, 75% des 
demandes de personnes issues de l’Union Européenne et 62% des hors UE n’ont pas donné lieu à un 
hébergement. Des personnes, un temps hébergé, sont remises à la rue mettant à mal le principe de 
continuité. De plus en plus de 115 pratiquent l’alternance de l’aide pour héberger plus de personnes, mais pour des séjours de courtes durées.



Une chronicisation des personnes dans l’urgence
Le dispositif d’hébergement d’urgence continue à constituer une impasse pour certains dont ils ne 
parviennent pas à sortir. Ainsi, 54% des personnes qui ont sollicité le 115 cet hiver étaient déjà connues des 115 avant novembre 2012. 12% des personnes qui ont appelé cet hiver avaient déjà appelé l’hiver précédent, soit pratiquement 6 000 personnes. Ils constituent pour la plupart ce que certains qualifient « d’indésirables » qui essuient les refus des structures d’hébergement. Chronicisées à la rue, leur état psychique et sanitaire se dégrade fortement. 
À la fin de cette période hivernale, qui se traduit encore par la fermeture progressive de places 
d’hébergement, le nombre de non attribution poursuit une progression inquiétante : elles représentent 
56% en mars 2013, et 66% en avril. Nous sommes encore loin de la fin d’une gestion saisonnière de 
l’exclusion. Avec les créations ou les pérennisations de places de mise à l’abri sans moyens suffisants 
pour permettre un accompagnement des personnes vers des solutions plus durables, ce modèle risque fort de perdurer. C’est une perspective inacceptable pour les personnes à la rue et pour les intervenants sociaux des dispositifs de veille sociale (115, accueil de jour, maraudes, hébergement d’urgence…). Face à l’absence de réponses à proposer aux personnes, la perte de sens et la souffrance deviennent une réalité quotidienne pour nombre d’entre eux. Il est urgent d’agir.

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