l'habitat léger menacé ? yourtes etc.

Deux articles sur les expulsions possibles à Bussière, en Haute-Vienne ; Campagne, dans le Sud-Ouest ; un article général dans 'la voix de la Russie (??) signalé sur la page facebook des Indignés, et ici "Cécile Duflot, fossoyeuse des yourtes ?"




Yourtes en Haute-Vienne : la fête avant le tribunal



Le 13 mai par Laurence GUYON |
Le village de Bussière-Boffy, en Haute-Vienne, accueillait samedi une fête de soutien à trois familles qui vivent dans des yourtes. Leur sort sera tranché vendredi lors d'un procès en appel. Leur habitat est menacé.
  • Ambiance très baba cool autour du feu de camp pour soutenir les adeptes de la vie en yourte. Le maire leur oppose la loi, malgré le vide juridique.
    Ambiance très baba cool autour du feu de camp pour soutenir les adeptes de la vie en yourte. Le maire leur oppose la loi, malgré le vide juridique. PHOTO/( Renaud Joubert)
  • PHOTO/(Renaud Joubert)
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  • Ambiance très baba cool autour du feu de camp pour soutenir les adeptes de la vie en yourte. Le maire leur oppose la loi, malgré le vide juridique.
    Ambiance très baba cool autour du feu de camp pour soutenir les adeptes de la vie en yourte. Le maire leur oppose la loi, malgré le vide juridique. PHOTO/( Renaud Joubert)
C'est jour de fête au "Petit-Pic" à Bussière-Boffy. Autour d'un feu de camp, une cinquantaine de personnes rassemblées dans une ambiance très seventies. Cheveux longs, vêtements colorés, musique, enfants qui jouent pieds nus dans l'herbe, repas partagé, convivialité très "peace and love". Ce village de 350 habitants, situé en Haute-Vienne à la limite de la Charente, est devenu le terrain d'une lutte sans merci entre le maire et trois familles de pacifiques adeptes du retour à la nature qui ont choisi de vivre dans des yourtes.
Samedi, une cinquantaine de personnes se sont donc regroupées autour d'un feu de camp pour apporter leur soutien à ces familles, en attendant le jugement en appel vendredi qui doit décider de leur sort. Elles ont été relaxées en première instance par un tribunal qui leur donnait le droit de continuer à vivre dans leur yourte. Mais le parquet a fait appel, demandant le démontage de leur habitat implanté sur des terrains à l'écart du bourg.
Alex Bovet habite dans le coin depuis plus de vingt ans. Dans une roulotte, dans un tipi, puis dans une yourte depuis 2006 avec sa compagne Sarah, et maintenant avec sa fille de 5 ans. "Toujours près de ça, dit-il en touchant l'herbe. Quand on a acheté, l'ancien propriétaire nous a dit qu'il n'y aurait aucun problème pour viabiliser": les maisons les plus proches sont à quelques dizaines de mètres. Les occupants du lieu, philosophie de vie oblige, s'organisent pour être autonomes.
Une source pour l'eau, des panneaux solaires et des éoliennes pour l'électricité - ils ont tous des ordinateurs et des smarphones -, des toilettes sèches, un système de phyto-épuration pour l'assainissement, un poêle à bois pour le chauffage, un jardin potager pour la nourriture: "C'est notre coin de paradis", plaide Alex Bovet. À l'abri des haies et des arbres. "On a tous des activités rémunératrices", insiste ce marionnettiste, montrant les serres du maraîcher voisin. Mais depuis 2009, Jean-Paul Barrière, le maire fraîchement élu, mène contre eux une guérilla juridique (lire ci-contre). Dernier épisode en date, l'appel de la relaxe dont les occupants ont bénéficiée fin 2012 pour habitat illégal. L'enjeu, c'est le statut des yourtes, ni maisons ni tentes. "Ils vivent ici à l'année, ce n'est pas du camping, il faut que les terrains soient constructibles", martèle l'édile.
"Chacun a le droit de vivre comme il veut"
Qui vient d'ailleurs d'autoriser des yourtes comme hébergements touristiques de l'autre côté du chemin. "Parce qu'ils sont sur un terrain où il y a tous les réseaux. Je m'en fous qu'ils habitent des yourtes. Ils n'ont qu'à aller s'installer sur des terrains constructibles, il en reste plus de 2 hectares dans la commune". D'autres "yourtistes", un temps installés au "Petit-Pic", sont partis. Pour vivre d'autres aventures, ou sous la pression. Alex Bovet et les autres ne veulent pas déménager. "D'autres communes nous ont contactés pour nous dire: "Quand vous en aurez marre, venez chez nous". Je n'ai pas envie de quitter cette terre. C'est là que j'ai donné des racines à mes enfants."
Les gens venus les soutenir sont d'horizons différents. Un couple d'un village voisin qui tonne: "C'est le maire qu'il faut faire partir." Mathilde, venue des Deux- Sèvres, qui a passé quelques mois ici. Une de ses amies, Josiane, soutient aussi les trois familles "depuis le début". "J'habite une grande maison dans les Deux-Sèvres, où on accueille facilement les gens." Hubert, qui travaille dans l'immobilier à Limoges, avoue être "très éloigné" de cet univers. Il ajoute: "Je suis pour la liberté. On n'est pas tous pareils, et chacun apporte quelque chose à la collectivité. Chacun a le droit de vivre comme il veut."



Yourtes en sursis
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Les éco-habitats de Campagne sont-ils illégaux ? L’affaire est renvoyée au 26 juin

Publié le 25/04/2013 à 06h00
Par Émilie Delpeyrat
Changement de programme. L’affaire de La Sorga et de ses éco-habitats illégaux installés dans la forêt à Campagne, près du Bugue, a finalement été renvoyée, hier après-midi, par le tribunal correctionnel de Bergerac. Aymeric Theyse, le propriétaire des 10 hectares de terrain où sont installées les constructions alternatives qui posent problème, est prié de revenir à la barre le 26 juin. L’homme à l’origine du mini-village baptisé La Sorga devra répondre d’une infraction aux dispositions du plan local d’urbanisme, au lieu dit Le Muscle.
Fin 2010, la gendarmerie du Bugue survole le Périgord noir et repère le mini-village de La Sorga. Problème : le propriétaire du terrain n’a pas sollicité d’autorisation pour la dizaine d’éco-habitats (yourtes, kerpull, paillourtes) édifiés sur sa parcelle depuis 2003. « Je reconnais les faits. J’ai oublié de demander les permis de construire qui étaient visiblement obligatoires », concède Aymeric Theyse. « À l’époque, on avait déposé une demande de permis pour la construction d’une grande maison collective. On pensait sincèrement que toutes ces installations seraient provisoires. »
Des clients de « bonne foi »
En mai 2012, le procureur de la République de Bergerac donne un délai de deux mois au contrevenant pour tout démonter. Jean-Luc Gadaud invoquait la loi : « Ces constructions sont illégales. Soit on démolit, soit ils obtiennent des permis de construire », expliquait-il en septembre dernier. Aymeric Theyse, qui vit alors à l’extérieur du village, et les six habitants de La Sorga ne se montrent pas très coopératifs dans un premier temps. Tous craignent à ce moment-là de se retrouver à la rue. « Ce kerpull, construit avec des pulls tranchés dans la chaux, c’est toute ma vie, je n’ai nulle part où aller », explique Benjamin, la vingtaine épanouie, hier à la sortie du tribunal.
Conseillé par Me François Ruffié, l’avocat de la Sepanso, le collectif revoit sa position et change de stratégie. Ses membres affirment qu’ils « ont fait le nécessaire, d’une part pour retirer les équipements des yourtes, les poêles, les tuyaux, et, de deux, pour régulariser les constructions illégales ». Chose dont doutait fortement le Parquet, en septembre dernier. « Il me semble que cela ne soit pas régularisable », avait déclaré Jean-Luc Gadaud. Lors de l’audience de renvoi, Me Ruffié espère pouvoir néanmoins convaincre le ministère public de la « bonne foi » de ses clients. Pour le reste, « les éléments sont prescrits », estime le conseil libournais.
Tente ou maison en dur ?
Le démontage des équipements dont étaient pourvues les yourtes devrait être un élément important du dossier. La jurisprudence en la matière tend en effet à assimiler les yourtes qui ne présentent pas d’équipement particulier à des tentes non soumises à autorisation. Dans l’Ariège, un couple s’est ainsi vu autoriser à garder sa yourte par la cour d’appel de Toulouse en 2011 sur la base de ce principe.
Une sorte de reconnaissance, attendue par les amateurs de ces habitats traditionnels. Lesquels plaident pour que les yourtes relèvent du droit commun des constructions et soient appréciées selon des caractères de durabilité, de permanence ou d’équipements. Le prochain projet de loi relatif à l’urbanisme et au logement, préparé par la ministre Cécile Duflot, pourrait apporter les précisions nécessaires
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En France, l'habitat léger menacé

6.05.2013, 

En France, l'habitat léger menacéEn France, la liberté fondamentale de vivre comme on le souhaite risque de passer à la trappe. Patrick Jimena, du parti Europe Écologie les Verts, est le premier élu à vivre dans une yourte. Il le fait par choix, afin de se distancier de cette société de consommation. On apprend que Sylvie Roumieu, maire de Cubières-sur-Cinoble, dans l’Aude, et qui se bat depuis cinq ans pour un village de yourtes, a été menacée par l’État de se voir retirer son mandat de maire. Sylvie Roumieu continue sa lutte pour le droit au logement dans des yourtes même si le tribunal a décidé de l'expulsion des habitants des yourtes en mars 2013. A la fin du mois, Cécile Duflot doit rendre sa copie sur la question du logement et sur l'habitat léger.

Avec la crise en France et le chômage, la yourte, en tant qu'habitat léger, est devenue une alternative intelligente qui procure un toit, une dignité et de l'autonomie, tout en étant respectueuse de l'environnement. Alors que nous sommes dans l'obligation de repenser notre société pour parer à une crise sans précédent, les responsables du pays ne sont pas encore prêts à admettre le rôle de la yourte et de l'habitat léger.
Caravane comme permanence d'élu - vie en yourte. Patrick Jimena est conseiller général à Toulouse. Depuis six ans, il teste l'habitat léger et habite désormais dans une yourte depuis peu. Il a commencé par habiter dans une caravane sédentaire car il voulait voir ce que ça faisait de vivre dans un habitat restreint. Avec une maison, il y avait trop de charges, trop d'astreintes. Depuis 2006, il vit dans une caravane pour se libérer des choses matérielles. Confronté alors à l'image que l'on porte sur les gens du voyage, il découvre que la caravane lui donne un lit, un coin pour la cuisine et un coin pour se laver, le nécessaire pour vivre. Patrick Jimena vient des quartiers populaires. Petit-fils de Républicains espagnols, il porte en lui cet esprit de combat et de justice sociale.
Engagement politique. En 2011, lors des élections cantonales, Patrick Jimena se présente sur la liste d'Europe Écologie les Verts dans le fief socialiste toulousain. Élu, il devient le premier conseiller général EELV local. N'ayant pas de groupe politique, Patrick Jimena n'a pas de bureau. Dépourvu de moyens, l'élu décide de transformerune vielle caravane en bureau mobile, dans laquelle il fait ses permanences de conseiller général ! Il s'agit d'une Caravelaire, une marque symbole, et il s'en explique : « C'est le symbole de la conversion de l'industrie qui montre qu'en cas de crise, on peut tout faire et sauver des emplois ». Avant Airbus, c'était l'Aérospatiale... lors d'une période de crise, l'Aérospatiale a fabriqué des téléviseurs, des frigidaires, ainsi que la fameuse caravane. « Un symbole contre la mono-industrie ! Car une forme d'industrie n'est pas éternelle, surtout avec la fin à venir du pétrole »,martèle Patrick Jimena.
Économie mal adaptée. S'adapter de façon pragmatique devrait être le mot d'ordre. Pour Patrick Jimena, on devrait s'orienter vers le thermosiphon, qui permettrait de vivre en autonomie pour un investissement peu important. « Cela permet de réduire de 50 à 70 % la facture énergétique là où de nombreuses personnes ont du mal à payer leurs factures ! », explique l'élu. « On peut imaginer que demain sera un moment difficile et si on ne permet pas aux gens d'être autonomes et de pouvoir se laver et de se chauffer, on va avoir une crise sociale très importante. Je sens beaucoup d'exaspération et de la colère auprès des gens. J'ai testé la yourte et je suis convaincu que cet habitat va permettre de retrouver la reconnaissance sociale car cet agglutinement de gens les uns sur les autres où il n'y a plus d'emploi est le terreau de la violence sociale de demain ». Selon Patrick Jimena, le système de reconnaissance sociale actuel doit être réinventé, et il faut travailler sur d'autres alternatives et créer une troisième voie.
Loi sur le logement. En ce moment, la préparation d'une loi sur le logement est en cours. Un document sur les coopératives d'habitants est en passe d'être publié par Cécile Duflot, qui devrait se pencher sur l'habitat léger et la yourte. Un million de personnes vivent aujourd'hui en France dans une habitation légère. La yourte est une tente et non une construction. Les engins lourds ne sont pas nécessaires et cet habitat permet de préserver les terres agricoles. Avec cette prochaine loi, on espère que le cabinet de Cécile Duflot fasse en sorte que la yourte soit considérée comme un lieu principal d'habitation. « L'habitat léger doit rentrer dans le droit commun. Il faut légiférer en la matière car certains maires sont contre. La yourte permet de refaire vivre le tissu social et économique du milieu rural. Voilà pourquoi je veux me battre pour l'habitat léger car si on n'a pas le droit d'être pauvre on a le droit à la dignité» conclut Patrick Jimena.
Expulsions de yourtes – menace sur mandat. Tous ces jolis discours sur l'habitat léger ne font pas pour autant que les yourtes et leurs habitants sont aujourd'hui défendus en France. La maire Sylvie Roumieu en a été pour ses frais. Ainsi, les neuf yourtes et leurs dix habitants âgés de dix mois à 65 ans, qui sont sur sa commune, doivent quitter les lieux aux termes d'un jugement du 22 mars 2013. « Nous sommes 110 habitants aujourd'hui contre 65 à l'époque, dont 25 enfants. En continuant ainsi, on pourrait recréer une école. Au dernier congrès des maires, il a pourtant été dit que ces derniers doivent prendre leur responsabilité. A un moment donné, ces gens devront rendre des comptes à la population. Ce qui se passe est très grave pour la démocratie. Ils s'érigent contre le souhait de la population et contre le conseil municipal. » Sylvie Roumieu se bat depuis cinq ans et elle compte aller à Paris pour rencontrer Cécile Duflot. Sylvie Roumieu ne pensait pas perdre au tribunal, et doute que la justice ait été indépendante. Le préfet a tout fait pour bloquer. « On a un soutien mais pas de cadre juridique. Dans ma commune, c'est encore moi qui commande. Ce qui les dérange, c'est que nous pouvons avoir des cadres de vie avec très peu de moyens. Leurs petits copains travaillent avec l'argent public, c'est-à-dire avec le nôtre. Je cherche à développer mon village. Dans notre village, on a créé cinq emplois et on a une carte touristique. Cinq emplois, c'est énorme pour un petit village. Le préfet m'a dit qu'il s'en foutait. C'est grave d'entendre ça compte tenu de la situation de l'emploi dans la région et de la désertification des campagnes. Le plus grave, c'est que le préfet m'a menacé de me retirer mon mandat de maire si je m'obstinais. »

Jean-Paul Barrière lâche: "Ces trois familles commencent à nous emmerder. Si on est retoqués, on va en cassation. Et si on leur donne le droit de rester, qu'ils ne me demandent pas de viabiliser." "On est autonomes, on a tout ce qu'il faut, répond Alex Bovet. On n'a pas besoin que ce soit viabilisé. On veut juste vivre en paix".

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