Bretagne Sud Habitat épinglée

27 avril 2013
La Mission interministérielle d'inspection du logement social (Miilos) vient de rendre un rapport accablant sur Bretagne Sud Habitat (BSH). La vice-présidente de l'office HLM a annoncé, hier, sa démission.
  

La Miilos est, aux offices HLM, l'équivalent de la Chambre régionale des comptes pour les collectivités locales. Lorsqu'elle pointe des dysfonctionnements, on a tendance à l'écouter. Or, le rapport pondu sur Bretagne Sud Habitat (BSH), premier bailleur social du département (*), est plutôt gratiné. Côté finances, d'abord. BSH serait aujourd'hui confrontée à « une crise majeure », écrit le rapporteur. 

« Décisions inopportunes et avenir incertain » 

Placée dans les dix offices les plus endettés au niveau national (un capital de 398 M€ à la fin 2010), BSH n'aurait pas pris la mesure de la situation. « Les dirigeants ont pris des décisions inopportunes, accentuant les déséquilibres financiers déjà pointés il y a cinq ans, épuisant les fonds propres de l'organisme », estime la Miilos. Un plan de continuation de l'activité a été ébauché en 2012. Principal levier : la vente d'une partie du patrimoine, accompagnée d'une avance remboursable de 7,4 millions d'euros votée par le conseil général, en juin dernier. « Un plan très incertain », pour la Miilos, qui appelle BSH à une « remise à plat de sa stratégie » mais aussi de son organisation interne. Pour Thérèse Thiery, maire divers gauche de Lanester et vice-présidente de l'office, c'en est trop. « Les conseillers généraux ont voté en juin sur un tableau mensonger. Aujourd'hui, la confiance est rompue ». L'élue a présenté, hier, sa démission du poste de vice-présidente, appelant à révision de la gouvernance de BSH. Pour Yves Bleunven, président de BSH, ce coup d'éclat de l'élue lanestérienne n'est rien d'autre qu'« un jeu politique entre gauche et droite, qui vise François Goulard (président du conseil général) à travers BSH. La vérité est que Thérèse Thiéry n'assume pas son rôle de vice-présidente : entre 2010 et 2011, elle n'a été présente qu'à 17 réunions de bureaux sur 21 ». 

Le président conteste en bloc

Selon lui, le constat de la Miilos, basé sur les comptes de 2010, est aujourd'hui dépassé. « Aujourd'hui, les comptes sont redressés : quand on dégageait 425.000 euros de résultats d'exploitation en 2009, on en est à 1,8 million en 2012 ». Seulement, le rapport est également extrêmement sévère sur la gouvernance de l'office public et, plus particulièrement, concernant le rôle de son président. Et il liste les irrégularités : atteinte au principe de gratuité du mandat d'administrateur (avec invitation à rembourser 11.900 € « indûment perçus »), attributions irrégulières, manquements au Code des marchés publics, risques de conflit d'intérêt avec son activité d'entrepreneur... Le président balaie ces accusations. « Il y a pu y avoir quelques flottements administratifs, notamment sur les indemnités ou le risque de conflit d'intérêt, certes, mais ça a été réglé depuis. Il n'y a jamais eu aucune plainte sur tous ces sujets. La gouvernance de BSH est saine ». Hier, les élus du groupe de gauche au conseil général laissaient entendre qu'Yves Bleunven ne pourrait se maintenir à la présidence de BSH après la publication du rapport de la Miilos. Il ne l'entend visiblement pas de cette oreille.

* BSH gère quelque 11.000 logements sociaux, soit le tiers du parc social du département.

·         Pierre Chapin

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