Menacée d'expulsion, elle se suicide


 le 25 Avril 2013
Une locataire d'un appartement à Vénissieux, sur le point d'être expulsée par la préfecture, a choisi de se donner la mort dans son logement. Pour la maire communiste de cette ville du Rhône, Michèle Picard : "La première expulsion réalisée depuis la suspension de mes arrêtés, le 16 avril 2013, se termine par un suicide. Voilà l’atroce réalité de la détresse humaine et du désespoir…"

"Je suis atterrée, révoltée, tourmentée par tous ces drames qui se succèdent" déclare en colère Michèle Picard, la maire communiste de Vénissieux. "Ce matin, l’atteinte à la dignité humaine est à son paroxysme. Les seuils de l’inacceptable aussi", souligne Michèle Picard.
La terrible découverte a été faite, ce jeudi matin, par l'huissier et les policiers qui s'étaient présentés au domicile de cette femme, âgée de 70 ans, afin de procéder à son expulsion. Dès le 18 mars, le Préfet du Rhône avait autorisé le concours de la force publique pour procéder à son expulsion. Informés de cette décision dès le 14 février dernier, les services municipaux avaient contacté cette personne par courrier, dès le 25 février, pour étudier les possibilités d’intervention auprès de son bailleur privé. "Un rendez-vous avait été fixé, auquel elle ne s’est pas présentée. Si elle était inconnue de nos services jusque là, sa situation isolée et fragilisée faisait l’objet d’un suivi par les services du Conseil général et une mesure de protection était en cours" précise la maire de Vénissieux.
Déjà en 2011 à Vénissieux, une femme avait menacé de se défenestrer, lors de son expulsion. "Depuis 4 ans, je n’ai de cesse d’alerter sur les conséquences dramatiques que peuvent engendrer les expulsions. Aujourd’hui, l’horreur est face à nous. Après cette tragédie, j’espère que cette réalité sociale que je décris inlassablement, parce que j’y suis confrontée au quotidien, provoquera une prise de conscience collective et qu’enfin cela cesse". "Depuis 2010, je prends des arrêtés interdisant sur ma commune les expulsions locatives, les coupures d’eau et d’énergies, les saisies mobilières. Des arrêtés travaillés, argumentés sérieusement, avec l’espoir de faire évoluer la justice pour en finir avec ces pratiques inhumaines. Un acte qui n’a rien d’une formalité, mais un acte de résistance, un engagement et une bataille pour la dignité humaine" poursuit Michèle Picard dans un communiqué.
"En tant que maire, j’assume pleinement mes responsabilités. Il est de mon devoir d’interpeller, de dénoncer et d’alerter, comme d’assurer la sécurité de mes concitoyens. C'est un combat juste et légitime. Des droits inscrits dans la Constitution sont bafoués. L’État ne remplit plus ses missions régaliennes", dénonce la maire de Vénissieux. "Si ce ne sont pas les maires, élus de la République, qui dénoncent cela, qui le fera ? " Plus que jamais, je suis déterminée à me battre pour l’intégrité et la dignité des personnes. Combien de vies sacrifiées faudra-t-il pour que les pouvoirs publics assument enfin leurs responsabilités et agissent face à cette urgence sociale ?"
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