«Un chez soi d’abord»

Le projet fou d’«Un chez soi d’abord»

11 mars 2013 

Un toit, première étape pour soigner les SDF atteints de troubles psychiques : c’est le noyau d’une expérience qui engage plusieurs centaines de patients.


«Chez lui». Hafid doit encore s’habituer à ces deux mots. Il habite un petit studio, au rez-de-chaussée dans une ruelle d’un quartier populaire de Lille. «J’ai été cambriolé deux jours après mon arrivée, lâche-t-il,mais ça va. Le problème, c’est le nettoyage, puis la vaisselle. J’ai perdu l’habitude de me faire à manger aussi.» Depuis près de vingt ans, Hafid dormait dans la rue. Un divorce, puis un effondrement psychique, et bien d’autres facteurs encore sont à l’origine de son parcours. Pendant des années, Hafid a traîné, parfois dans un foyer, puis de nouveau dehors. Depuis six mois, il vit donc chez lui. Hafid est l’un des deux cents bénéficiaires d’une expérience nouvelle de prise en charge. A 53 ans, il souffre de lourds troubles psychotiques. Il est maigre, il a les dents cassées et un joli regard. Sur lui, il accumule des couches de vêtements par peur du froid. Ce jour-là, recroquevillé dans son studio, il laisse les volets fermés. «Je préfère, comme ça je suis tranquille, je ne veux pas trop être avec les voisins. Chacun chez soi.»
Echo. «Un chez soi d’abord» est l’intitulé de la plus importante recherche jamais effectuée en France, en psychiatrie, autour de la question du logement chez les SDF atteints de troubles mentaux sévères. Près de 400 patients y sont déjà intégrés, dans quatre villes : Paris, Toulouse, Marseille et Lille.