Anru Marseille

"Depuis trop longtemps les habitants subissent le mépris"

Samedi 17 novembre, un collectif d'associations baptisé Collectif interquartiers (CIQ) manifestent sous les fenêtres de Marseille rénovation urbaine, en charge de la refonte des grandes ensembles marseillais. Salarié du centre social l'Agora, à la Busserine, Kevin Vacher détaille les revendications de ces associations des quatre coins de Marseille.

Le lieu de rendez-vous est symbolique : au pied des marches de la poste Colbert, symbole d'un service public à l'abandon et face au World Trade Center qui abrite (entre autres) les bureaux du Groupement d'intérêt public (GIP) Marseille rénovation urbaine. Samedi 17 novembre, à 16 heures, le Collectif interquartiers (CIQ) a donné rendez-vous aux habitants des cités de Marseille visées par des opérations de rénovation urbaine financées par l'agence nationale du même nom (Anru). Les associations du nord et du sud de la ville entendent protester contre la manière dont sont menés ces vastes chantiers qui arasent les tours, bâtissent de nouveaux ensembles "à taille humaine" et affichent l'objectif de créer de la "mixité sociale".
Travailleur social au sein de l'association l'Agora à La Busserine, en charge des relations avec les associations de locataires, Kéevin Vacher explique ce que sous-tend le slogan "Stop au mépris, reprenons la parole" qui sert de mot d'ordre à la manifestation. "Cela fait des des décennies que les habitants des quartiers populaires des grands ensembles comme du centre ville subissent le mépris des pouvoirs publics et des bailleurs sociaux. Ce mépris se traduit notamment par le délaissement total des barres d'immeubles".
Pour lui, cette situation de mépris et d'abandon s'est accentuée avec la rénovation urbaine alors même que celle-ci était censée être une solution. Il pointe notamment l'absence de concertation, ou plutôt sa version théâtrale qui consiste à organiser "de grandes réunions publiques" d'où la parole des habitants n'a de poids que dans l'instant de la prise de parole. "Les habitants se retrouvent dépossédés de leur quartier".
Face à cela, les associations prônent une réaction collective qui s'est traduite, à la Busserine, par le refus des habitants de signer la charte de relogement proposée par le bailleur à plus de 300 familles appelées à déménager. Ce bras-de-fer a un sens très politique et les pouvoirs publics pointent régulièrement l'engagement de Kevin Vacher au sein du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) pour lequel ce dernier était candidat lors des dernières législatives. Le jeune homme assume très tranquillement cet empilement de casquettes : "je mets mon engagement politique de côté dans ce combat comme d'autres collègues qui ont des engagements politiques différents du mien, précise-t-il. Nous avons d'ailleurs pris soin de ne pas associer les partis politiques à notre mobilisation"
Il reconnaît toutefois que le mouvement qui aura son temps fort ce samedi répond à un objectif très politique : remettre la pression sur Marseille rénovation urbaine au moment même où le GIP attend la nouvelle feuille de route de la rénovation en cours d'élaboration au ministère de la ville.
Par Benoît Gilles, le 15 novembre 2012